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Ikebana 華道 Retour d'expérience après 2 ans de pratique au Japon

J'entame ma troisième année d'ikebana ce mois-ci et c'est un bon moment pour faire un petit point sur ces deux années.




Tout d'abord j'ai eu la chance de rencontrer mon professeur par connaissance et de saisir cette opportunité pour essayer l'ikebana avec lui. J'ai tout de suite beaucoup aimé ça et apprécié ce temps où on n'a rien d'autre à l'esprit que les fleurs et la beauté de la nature. De cette initiation est née l'envie de choisir un visa culturel pour mon retour au Japon et donc de continuer mon apprentissage.


Ces deux années ont été pleines de rencontres grâce à l'ikebana et j'en suis très reconnaissant. Bien entendu, étant à la campagne, la totalité des rencontres que j'ai pu faire se compose de dames d'un certain âge et c'est toujours un plaisir de pouvoir échanger avec elles.


Sagagoryu


Au Japon il y a plusieurs courants/écoles d'Ikebana. Ohara ryu, Ikenobo etc. Mon professeur fait partie de l'école Sagagoryu, une des plus anciennes mais moins importante que les deux précédemment citées en nombre de pratiquants. L'écolé Sagagoryu essaye d'avoir une pratique représentative et respectueuse de la nature. Le siège de cette école est situé au temple Daikaku-ji, ancienne résidence de l'Empereur Saga (d'où le nom sagagoryu).


Grâce à l'Ikebana Sagagoryu j'ai pu me rendre plusieurs fois au Daikaku-ji dans des endroits non accessibles aux visiteurs et le temple accueil des expositions d'Ikebana régulièrement. C'est un privilège d'avoir ce lien particulier avec un si beau temple à Kyoto que j'appréciais déjà il y a dix ans lors de ma première visite au Japon. Je n'aurais jamais imaginé vivre de telles expériences dans ces lieux dix ans plus tard.


L'ikebana Sagagoryu comporte différents styles et leur apprentissage nécessite beaucoup de pratique bien que la sensibilité de chacun permette de créer des compositions d'une grande diversité.



Mon apprentissage en pratique


En ce qui concerne mon apprentissage de l'Ikebana, il se divise entre pratique et moments de traduction des manuels japonais pour saisir le sens de ce que j'apprends en plus de la forme. J'ai toutes une collection de manuels, de livres et il y a un magazine mensuel sagagoryu. Je me rends à toutes les expositions d'ikebana dont j'ai connaissance également et m'intéresse aux calendriers des saisons japonaises qui comptent 4 saisons, 24 petite saisons (sekki) et 72 mini saisons ko) afin de mieux appréhender la vision de la nature des japonais, certaines formes d'Ikebana étant liées à certains moments précis de l'année. Enfin j'essaye de me renseigner sur le langage des fleurs (hanakotoba) japonais et je prends du temps pour des photographies d'Ikebana, peut-être sans réel talent mais avec passion.



Ma première année chez mon professeur


Normalement un pratiquant d'Ikebana se rend à un cours chez un professeur ou dans un temple avec ses propres ciseaux et un sac pour les fleurs et une petite serviette ou chiffon et si besoin son livre d'Ikebana. Durant le cours le pratiquant réalise une composition mais doit la défaire pour la ramener à la maison et la refaire une seconde fois en rentrant ce qui participe aussi l'entraînement. La plupart des pratiquants que j'ai pu rencontrer assistent à environ 2 cours par mois.

En ce qui me concerne, ayant habité pendant un an chez mon professeur, j'assistais à un cours toutes les semaines avec d'autres pratiquants et régulièrement pratiquait avec mon professeur en semaine à partir de fleurs du jardin ou que nous allions acheter ensemble.

Le plus souvent les professeurs d'Ikebana font appelle à des fleuristes qui connaissent les besoins spécifiques à la pratique de l'Ikebana et qui sont parfois pratiquants eux-mêmes. Ainsi le fleuriste livre chaque semaine avant le cours et on découvre les fleurs au dernier moment.


Mon professeur ne fait pas payer les cours donc on doit juste payer pour les fleurs.



Deuxième année entre les préfectures de Shiga, Okayama et Hiroshima


Ayant entamé les rénovations d'une vieille maison à Kurashiki en arrivant au Japon, et ayant emménagé dans cette maison après un peu plus d'un an, mon rythme de pratique a complètement changé. A partir de mon déménagement, je n'assiste qu'à un cours par mois avec mon professeur qui se trouve à Shiga, je m'entraîne seul le reste du temps et reçoit des conseils via les photos que j'envoie.


J'ai pu rencontrer des professeurs d'Ikebana Sagagoryu et Ikenobo à Kurashiki et je prendrai peut-être des cours à Kurashiki à un moment donné mais j'ai rencontré un peu par hasard une professeur d'Ikebana de Fukuyama et finalement je suis ses cours deux fois par mois.


Mon rythme est donc d'un cours par mois à Shiga, deux cours par mois à Fukuyama et le reste du temps je pratique seul et me rends à des événements quand il y a en. Mon professeur de Shiga organise aussi une exposition d'Ikebana à l'automne donc c'est une belle occasion de montrer nos compositions à beaucoup de visiteurs. L'intérêt je trouve est que lors d'expositions on réalise des compositions d'une plus grande envergure, c'est donc une chance rare de s'essayer à de grands formats ou matériaux un peu chers que l'on n'utilise pas d'habitude. Cette année je vais pouvoir y participer pour la deuxième fois.


Depuis que je vis à Kurashiki et que je pratique seul l'ikebana je dois acheter moi-même les fleurs et c'est très difficile de bien choisir sans un professeur pour me guider et en même temps assez plaisant de choisir exclusivement des variétés que j'aime et penser à l'assortiment des couleurs. Je connais maintenant tous les fleuristes du coin, les différences de prix etc. Il a pu m'arriver de faire 4 fleuristes différents parce que je voulais faire une composition en particulier. Mais ce qui reste très difficile est de trouver des branches d'arbre pour l'Ikebana car ce n'est pas souvent en vente chez les fleuristes de ma ville mais heureusement mes voisins qui ont un immense potager avec des arbres fruitiers, des pêchers, des cerisiers et des pruniers me donnent des branches quand ils taillent les arbres ainsi que des iris , des narcisses et des roses parfois.



Une licence puis plusieurs grades


Il faut savoir que si l'on pratique officiellement l'Ikebana ou la cérémonie du thé au Japon on reçoit une licence... que l'on paye. A partir de là, si l'on souhaite obtenir un grade supérieur, un peu comme au Judo avec les ceintures, il faut attendre un certain nombre de mois entre chaque grade et ces derniers sont de plus en plus chers. On commence avec la licence de débutant qui coûte plus de 100€. J'ai été ensuite shoden, chuden, okuden et maintenant shihan-dai (assistant du professeur) Ce dernier niveau coûte environ 350€ et le niveau suivant est celui de professeur (shihan) à partir du quel donc il est possible d'enseigner même si l'on ne maitrise pas forcément encore tous les concepts. Pour ma part, je dois devenir Shihan en 2026. Je pourrais le devenir en 2025 mais la licence coûtant plus de 1000€ j'ai besoin de temps pour économiser cette somme et j'ai envie d'attendre aussi de me sentir plus en confiance et d'avoir un meilleur niveau pour avoir le sentiment que je mérite cette licence et non pas seulement que je l'achète. Il existe plusieurs grades après celui de professeur mais les tarifs sont démentiels donc je ne pense pas viser cela pour le moment.



Un nouveau nom


Pour l'anecdote, les pratiquants d'Ikebana qui deviennent Shihan (professeur) reçoivent un nom qui se termine par "shu" pour les hommes et "ho" pour les femmes. Je dois choisir quel nom je veux recevoir mais je n'ai pas encore trouvé quelque chose qui sonne bien. J'imagine que cette pratique vient de la coutume japonais de changement de nom selon son statut dans la société notamment. Pour exemple le célèbre artiste Hokusai à changé plusieurs de nom dans sa vie et pour rester dans l'exemple des estampes, un maitre transmettait à ses apprentis une partie de son nom et ceux-ci en faisait de même avec leurs apprentis par la suite. Il est donc très intéressant et facile de comprendre quel artiste était le maître ou le disciple de tel artiste.

Dans le cas de l'ikebana, le nom que l'on reçoit ne remplace pas nos noms mais j'imagine que par le passé c'était le cas. Dans tous les cas il me reste un peu plus d'un an pour me trouver un nom.




Au final je n'étais pas confiant sur mes capacités quand j'ai commencé et je ne le suis toujours pas mais je suis de plus en plus passionné et extrêmement reconnaissant de l'expérience de vie qui m'est offerte ou plutôt que je m'offre et ce en étant très bien entouré.

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